En juillet dernier, la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis approuvait le traitement Ruxolitinib dans le cadre du vitiligo. Ce 23 février 2023, l’Agence Européenne du Médicament (European Medicines Agency ou « EMA ») a désormais publié un avis positif pour l’utilisation de la molécule « Ruxolitinib » en Europe (sous forme de crème commercialisée sous le nom de « Opzelura™ » par le Laboratoire Incyte Biosciences) dans le cadre d’un vitiligo non-segmentaire pour les adultes et adolescents âgés de plus de 12 ans !

C’est donc une grande nouvelle pour le vitiligo ! D’ici le 1er mai 2023, l’Union Européenne devra publier une autorisation de mise sur le marché dans un, plusieurs ou tous les pays membres de l’UE. À la suite de cette décision, chaque pays membre pourra définir les principes de prise en charge et de remboursement du médicament par le système de santé dans le pays concerné.
En France, le processus va donc pouvoir s’enclencher dans les prochains mois selon la marche habituelle de commercialisation d’un médicament, à savoir :
- Après avoir obtenu une autorisation de mise sur le marché, une entreprise pharmaceutique peut fixer librement le prix d’un médicament.
- Pour qu’il soit remboursable par la Sécurité Sociale, le laboratoire doit déposer une demande à la Haute Autorité de Santé (HAS) ; l’avis rendu par la Commission de la Transparence de la HAS porte sur le « Service Médical Rendu » (SMR) ou l’Amélioration du Service Médical Rendu (ASMR) : dans le cadre du vitiligo, en l’absence de médicament approuvé aujourd’hui, cela ne devrait donc concerner que le « Service Médical Rendu ».
- Cet avis est ensuite transmis au Comité économique des produits de santé (CEPS) et à l’Union nationale des caisses d’assurance maladie (UNCAM) ; s’ouvre alors une phase de négociation sur le montant de la prise en charge (prix et pourcentage de remboursement).
- La décision finale d’inscription d’un médicament au remboursement relève de la compétence des ministres chargés de la Santé et de la Sécurité Sociale, et est publiée au Journal officiel.
À LIRE AUSSI :
La version complète de la décision de l’EMA (en anglais)
Notre article « Ruxolitinib approuvé aux USA : on répond à vos questions »
En savoir plus sur la fixation des prix du médicament (sante.gouv.fr)
Vous le savez : votre association est toujours à votre écoute, à travers les permanences téléphonique du mercredi ou encore par échanges de mails. Et nous recevons fréquemment des questions à propos du vitiligo chez le bébé.
Afin de rassurer les mamans et papas inquiet·es, il nous a semblé important de vous fournir des réponses claires et validées par notre Comité Scientifique dans un article dédié. Pour cela, les Professeurs Ezzedine, Gauthier, Passeron et Seneschal ont pu nous apporter un éclairage et des réponses. Nous les remercions et espérons que cet article pourra répondre à vos éventuels questionnements en tant que parents.
Quand le vitiligo apparaît
Observer l’apparition d’un vitiligo, en étant adolescent·e ou adulte, suscite généralement des questionnements et des craintes. Mais quand on est parent et qu’on l’observe chez son nouveau-né, il peut être difficile de savoir comment réagir et comment obtenir un diagnostic clair. Les parents se trouvent parfois démunis face à l’observation de leur bébé, et des doutes autour d’un éventuel vitiligo.
On entend en effet souvent des questions telles que : « Je remarque une dépigmentation sur les fesses de mon bébé, dois-je m’inquiéter ? Dois-je changer de marque de couches ? Qui dois-je consulter ? Les zones dépigmentées vont-elles s’étendre ? Est-il trop tôt pour poser un diagnostic ? »…

Rappelons que le vitiligo est une maladie assez complexe, liée à des facteurs génétiques et non génétiques. Cette dépigmentation peut survenir à n’importe quel moment de la vie, n’importe quel âge, quelle que soit la couleur de la peau ou le genre de la personne, quel que soit son lieu d’habitation. Le vitiligo n’est pas contagieux ni douloureux, et il est aujourd’hui possible de le soigner. Par ailleurs, le traitement précoce du vitiligo (quelques mois après l’apparition des zones dépigmentées) présente plus de chances de fonctionner, en particulier si la dépigmentation est en phase active ; en effet, il est plus aisé et rapide de bloquer une poussée que de repigmenter les lésions.
Par ailleurs, puisque le personnel médical et les chercheurs utilisent parfois un vocabulaire bien spécifique, nous avons préparé un lexique qui vous permettra de décrypter les termes qui reviennent souvent…
Le vitiligo existe chez les bébés, mais reste exceptionnel
L’atteinte chez le nourrisson avant 3 mois est rare. Les taches observées sont le plus souvent des zones d’hypopigmentation dues à d’autres causes (notamment post-inflammatoires), et non pas un vitiligo. On observe également des naevis hypopigmentes, fréquents chez l’enfant.
Selon les études de référence, l’âge moyen du début de la maladie est entre 4 et 8 ans. Chez les enfants avec une peau claire, les lésions sont souvent détectées à la suite des premières expositions solaires, au cours du premier été. Les localisations des zones dépigmentées peuvent être classiques, même si parfois il n’est pas rare de voir des lésions au niveau de la région pelvienne (zone des couches / langes).

Compte tenu des diagnostics différentiels cités ci-dessus, il est indispensable d’obtenir un diagnostic dermatologique à l’aide d’une lampe de Wood, qui permettra de proposer la prise en charge adaptée.
S’il s’agit d’un vitiligo, le traitement dépendra de l’atteinte et de son activité : le plus souvent, un traitement topique sera proposé. Si le vitiligo est très actif, de petites doses de cortisone en mini-pulse, adaptées bien entendu à l’âge et au poids, pourront être envisagées. S’il ne s’agit pas d’un vitiligo (et ce sera le plus souvent le cas), la prise en charge se fera en fonction du diagnostic dermatologique.
Ne pas confondre vitiligo et piébaldisme
L’existence d’un vitiligo congénital (présent à la naissance) est controversée, mais il s’agit souvent d’un diagnostic différentiel avec une autre affection dépigmentante (rare et sans gravité) nommée le piébaldisme (« qui ressemble à la pie »).
Dr Yvon Gauthier nous explique plus précisément en quoi le piébaldisme diffère du vitiligo :
- existence quasi constante d’une mèche blanche associée à un triangle blanc frontal (White-Forelock) ;
- des zones hyper-pigmentées plus ou moins volumineuses au sein des zones dépigmentées, qui se répartissent sur la face antérieure du tronc et des membres, épargnant le dos ;
- apparition dès la naissance et relative stabilité tout au long de la vie,
- caractère familial : il résulte d’une mutation autosomique dominante du gène KIT (qui contrôle la colonisation de l’épiderme par les mélanocytes de l’embryon),
- les lésions hyperpigmentées se voient à l’âge adulte.
Cette photographie met en scène plusieurs membres d’une même famille souffrant de piebaldisme. Il n’existe pas de traitement médical pour le piébaldisme, mais on observe cependant d’excellents résultats après transplantation de mélanocytes de petites surfaces (re-pigmentation de la mèche blanche et du triangle frontal).

Comme on vous en a déjà parlé de nombreuses fois sur notre site, la grande étude au long cours nommée « ComPaRe » s’intéresse aux maladies chroniques, afin de mieux connaître la vie des patients concernés et répondre à des questions essentielles pour améliorer leur prise en charge.
En ce mois de février, l’équipe de ComPaRe a fait appel à quelques unes de associations liées à l’étude (dont nous faisons partie), afin d’expliquer ce qu’agir et s’engager signifient pour elles. Le résultat prend forme dans une vidéo à partager au plus grand nombre, puisque vous le savez : ensemble, nous sommes plus forts face à la maladie ! Et sans patients engagés, ComPaRe ne pourrait pas exister.
Une vidéo en faveur de l’engagement
A l’occasion de la réunion annuelle de ComPaRe organisée en octobre 2022 avec les associations partenaires de ComPaRe, une réflexion a été initiée au sujet de l’engagement. Lors de ces échanges, une idée a rapidement fait l’unanimité : « s’engager, c’est agir pour une cause qui nous dépasse et qui nous concerne ». En effet, forts de leurs observations depuis le lancement de ComPaRe en 2018, les associations et les organisateurs de l’étude ont convenu que les patients qui participent à ComPaRe sont actives pour la recherche et pour le bien collectif, afin d’améliorer le quotidien des malades. Les personnes qui sont engagées avec ComPaRe et leur association agissent pour accepter la maladie et aider les autres à avancer.
Par ailleurs, lors de cette réflexion commune, il a semblé évident que l’engagement est aussi « un acte citoyen, une rencontre avec soi-même, une responsabilité ». Car faire partie de la communauté ComPaRe, c’est avoir une nouvelle famille, qui comprend la maladie et nous permet se se sentir moins isolé·e face à celle-ci. Les notions d’entraide, de transmission et de partage sont donc particulièrement importantes, et traversent chacune des associations engagées au sujet d’une maladie chronique.

Afin de mettre en valeur cet engagement associatif, et celui pour la recherche, les représentants de certaines associations partenaires de ComPaRe ont témoigné avec authenticité et transparence, face à la caméra. Notre Présidente Martine Carré y explique notamment ce que l’engagement peut apporter aux malades et aux chercheurs. Découvrez le fruit de ce travail commun dans la vidéo ci-dessous, à partager autour de vous !
Si vous souhaitez vous engager pour la recherche, rejoignez ComPaRe en cliquant ici.
Faire avancer la recherche sur les maladies chroniques
ComPaRe est une cohorte en ligne lancée en 2018, qui regroupe des patients adultes souffrant de maladies chroniques (asthme, diabète, cancer, vitiligo…). Ces malades se sont inscrits pour donner un peu de leur temps en répondant régulièrement à divers questionnaires sur leurs maladies et traitements.
Cela permet à des équipes de recherche d’utiliser les données collectées, afin de faire avancer la recherche sur des sujets larges ou spécifiques. De nombreuses équipes de recherche ont mis en place des cohortes spécifiques au sein de ComPaRe, dont une au sujet du vitiligo, coordonnées par Pr. Khaled Ezzedine (membre de notre Comité Scientifique par ailleurs).

Projet initié par le Centre d’épidémiologie clinique de l’Hôtel-Dieu et de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, la communauté ComPaRe est donc composée de personnalités scientifiques éminentes, et de patients concernés par une ou plusieurs maladies chroniques. Ces derniers peuvent s’impliquer également dans la conception, la mise en place et l’analyse des projets de recherche ; l’intérêt principal de ce type d’étude étant que la collecte d’informations puisse être suivie dans le temps (plusieurs années).
Aujourd’hui, 227 chercheurs et chercheuses réparti·es dans toute la France, utilisent les données que les participants à cette grande cohorte ont partagées, afin de répondre à des questions de recherche sur les maladies chroniques. Jusqu’à présent, 52 587 patients se sont inscrits, parmi lesquels 29 276 ont donné leur consentement pour participer à la recherche et répondre régulièrement à des questionnaires en ligne.
Retrouvez la liste des études en cours ou terminées sur ComPaRe en cliquant ici.
Au cours de la dernière décennie, de nombreuses enquêtes ont évalué le fardeau des maladies de peau, mais aucune ne s’est concentrée sur l’impact spécifique de la maladie sur les parties visibles du corps (visage et mains en particulier).
C’est chose faite désormais grâce à une étude épidémiologique portant sur la prévalence des maladies visibles de la peau (Prevalence of visible skin diseases) réalisée par les Laboratoires Pierre Fabre, partenaire de l’Association Française du Vitiligo depuis de nombreuses années.
Cette étude a fait l’objet de deux publications :
- Burden of visible (face and hands) skin diseases, parue dans le JEADV (Journal of the European Academy of Dermatology and Venerelogy)
- Prévalence des maladies cutanées visibles : une étude internationale portant sur 13 138 personnes, parue dans les Annales de dermatologie et de Vénérologie.
L’impact spécifique de la maladie sur les parties visibles du corps
L’étude des Laboratoires Pierre Fabre visait notamment à évaluer le poids de certaines maladies de peau (dont le vitiligo) sur la vie quotidienne des personnes, en fonction de sa localisation : les zones « non visibles » (torse, dos, bras, jambes…) versus les zones « visibles » (visage et mains en particulier).
En effet, nos mains et notre visage nous permettent de nous exprimer, de communiquer avec l’autre, sans même utiliser le langage verbal. Des lésions visibles sur les mains peuvent provoquer le dégoût, la peur de la contagion ou encore le refus du contact direct…
Plus généralement, les maladies cutanées visibles peuvent altérer l’image de soi, et entraîner la perte de confiance, la honte parfois, et la remise en question de sa propre personnalité. Les maladies telles que le psoriasis, l’eczéma, le vitiligo, la rosacée et l’acné n’altèrent pas les fonctions vitales en tant que tel (et en dehors des comorbidités connues), mais elles peuvent affecter considérablement la qualité de vie des malades et de leur famille.

Cette étude a été réalisée en collaboration avec des médecins spécialistes, chercheurs, et associations de patients dont l’Association Française du Vitiligo, représentée par Martine Carré, sa Présidente.
Elle s’est intéressée à 8 dermatoses représentant plus de 50% des maladies de peau : acné, psoriasis, eczéma, vitiligo, ichtyose, eczéma chronique des mains, rosacée et hidrosadénite suppurativa, et s’est appuyée sur un échantillon représentatif de la population, dans 6 pays : Canada, Chine, Italie, Espagne, Allemagne et France.
Au total, 13 138 personnes (hommes et femmes, âgé·es de plus de 18 ans) ont répondu à un premier questionnaire. Parmi ces participants, 26,2% ont déclaré souffrir de maladies de la peau, soit un peu plus de 3 000 personnes, atteintes de l’une des 8 maladies cutanées « emblématiques » sélectionnées. Ces dernières ont été invitées à remplir un questionnaire digital structuré et consolidé avec les associations de malades concernées, portant sur l’impact de ces maladies sur leur vie quotidienne, ainsi que la stigmatisation perçue.
Mains et visage atteints : une souffrance accentuée
Cette étude décrit pour la première fois la prévalence des dermatoses visibles ou apparentes dans un large échantillon. En l’occurrence, une atteinte du visage et/ou des mains à été signalée par 3 patients sur 4 souffrant d’une maladie de la peau ! Ces données sont importantes à prendre en compte lorsqu’on examine la qualité de vie ou le fardeau des maladies chroniques de la peau.
Quelques résultats significatifs ont pu être mis en valeur :
La qualité de vie est principalement altérée lorsque le la localisation visible se trouve uniquement sur les mains.
En plus d’être un outil de communication, la main effectue de multiples tâches fonctionnelles de la vie quotidienne. En conséquence, on constate que la dermatose visible sur les mains a un impact négatif plus élevé sur le quotidien des participants, que celle localisée sur le visage.
Elle est souvent considérée comme un handicap, non seulement dans l’activité professionnelle, les loisirs ou dans les activités sportives, mais également dans les relations sociales et dans la vie affective et intime. En effet, l’altération de la qualité de vie, mesurée par le Dermatology Life Quality Index (DLQI) est plus forte chez les personnes atteintes sur les mains que sur celles atteintes sur le visage (38% avaient un DLQI >10 versus 22% pour le visage).
Certaines personnes se sentent stigmatisées, expriment des difficultés à s’endormir et rapportent que leur vie sexuelle est affectée.

Cette étude démontre aussi le poids élevé des maladies cutanées visibles sur les aspects multidimensionnels de la vie quotidienne des participants. En effet, la présence d’une maladie cutanée sur une zone visible est 2 fois plus préjudiciable à la qualité de vie que la présence de cette même maladie sur des zones non visibles.
Une attention particulière doit donc être accordée aux patients présentant une dermatose des mains et du visage.
Un nouveau programme verra bientôt le jour
Cette étude a permis la mise en place du « Programme Dermatoses Visibles », avec la création et la diffusion d’outils de communication et de sensibilisation : vidéos, application, podcast, etc…
Le Pr Marie-Aleth Richard, dermatologue ayant participé à cette étude, communiquera sur ce programme en juillet prochain, lors du Congrès Mondial de Dermatologie à Singapour.
Un article important est paru récemment dans Le Quotidien du Médecin, média de référence adressé aux médecins, avec un titre engageant : « Le vitiligo, oui, ça se traite » ! Cet article n’est disponible que sur abonnement, mais nous vous proposons ici de vous expliquer ce qu’il révèle, et ce en quoi c’est important.
Le traitement "Ruxolitinib" bientôt disponible en France
Comme on vous l’expliquait dans cet article fin 2022, l’article du Quotidien du Médecin affirme que le vitiligo devrait bientôt bénéficier de ce premier traitement « anti-JAK » sous forme de crème à appliquer, en complément d’une exposition aux rayons ultraviolets naturels ou en cabine. Le « Ruxolitinib » a déjà été approuvé aux Etats-Unis fin 2022 (sous le nom de « Opzelura™ ») ; selon les dernières études, ce traitement est facile à appliquer et globalement bien toléré.
Aujourd’hui, on peut espérer une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans les prochains mois par les autorités de santé. Son arrivée peut donc être attendue prochainement pour la France… Quand cela sera le cas, nul doute que le retentissement de cette nouvelle sera plus forte encore. Mais il est important que le message commence à être diffusé dès maintenant, notamment auprès des praticiens en santé, quelque soit leurs spécialités !
Mise à jour (Avril 2023) : la crème a reçu officiellement une autorisation de mise sur le marché valable dans toute l’Union Européenne, qui sera commercialisée sous le nom de « Opzelura » !
En effet, trop nombreux sont les malades à entendre « il n’y a rien à faire » lors du diagnostique de leur vitiligo (76% des malades sont confrontés à ce retour de la part de leur médecin !)… une réponse qui n’est plus acceptable tant les traitements qui ont fait leurs preuves jusqu’à aujourd’hui existent bel et bien ! Nul doute, donc, que cet article aura un impact positif pour tous les médecins qui lisent ce média.

Le vitiligo expliqué aux médecins
Un premier article à propos du Ruxolitinib avait déjà été publié sur le Quotidien du Médecin en décembre dernier. Ce nouvel article, publié en janvier 2023, revient sur le sujet et a été rédigé avec la participation des Professeurs Thierry Passeron (CHU de Nice) et Julien Seneschal (CHU de Bordeaux), membres de notre Comité Scientifique.
Au-delà de rappeler ce qui définit le vitiligo, et ses différentes causes, le Quotidien du Médecin profite de cette publication importante pour rappeler plusieurs points primordiaux que les médecins doivent garder en tête à propos du vitiligo :
• Les différents traitements proposés aujourd’hui sont relativement longs, leur efficacité ne pouvant être évaluée qu’au bout de 6 mois, et la repigmentation restant rare quand il s’agit des extrémités (mains et pieds en particulier). Les objectifs du traitement du vitiligo sont triples : bloquer la dépigmentation, induire la repigmentation et prévenir les récidives.
• Le risque de mélanome (cancer de la peau) est « faible » chez les malades du vitiligo (trois fois moins élevé pour les personnes atteintes de vitiligo, en comparaison avec la population générale). Pr Khaled Ezzedine l’expliquait dans cette vidéo notamment…
• Le vitiligo provoque souvent un fort retentissement sur la qualité de vie, dans la relation aux autres et à soi-même, et avoir un impact considérable sur le plan psychologique, « comparable à celui de la dépression et de certains cancers en Europe »…
Le Professeur Nadège Cordel, Chef du service Dermatologie-Immunologie Clinique-CHU de Guadeloupe, nous apporte une bonne nouvelle du côté des Antilles ! Après une période de sous-effectif médical critique dans la spécialité, le CHU de Guadeloupe est désormais en mesure de reprendre le traitement classique du vitiligo par photothérapie (UVB). Au CHU de Martinique, ce traitement est couramment pratiqué dans le service de dermatologie sous la responsabilité du Dr Emmanuelle Amazan.
Le vitiligo aux Antilles
Face au manque d’information sur l’offre de soins disponible aux Antilles, de trop nombreuses personnes souffrant de vitiligo ont eu tendance à chercher une solution du côté de Cuba. L’île est relativement proche, et ce traitement était en vogue durant les années 70, mais les résultats n’ont été que très rarement prouvés scientifiquement. Pourtant, soigner le vitiligo est possible aujourd’hui. Les traitements visent à bloquer la dépigmentation, induire la repigmentation et prévenir les récidives.
C’est donc une bonne nouvelle pour les personnes atteintes de vitiligo vivant en Guadeloupe et Martinique : la photothérapie, traitement de 1ère ligne démontré scientifiquement et efficace, est désormais plus facile d’accès et réalisable au CHU de Guadeloupe, comme il l’était en Martinique.
En effet, le service de dermatologie-immunologie clinique s’est doté d’une cabine de photothérapie ASTIV 338 UV 7002K Waldmann, qui délivre les rayons UV médicaux nécessaires au traitement de 1ère intention du vitiligo. Les séances se font au rythme de 3 fois par semaine et sont prises en charge par la sécurité sociale, sous réserve d’une demande d’entente préalable.

Les personnes vivant aux Antilles étant particulièrement exposées au soleil, il leur est recommandé d’utiliser une photoprotection externe (crème solaire) adaptée à la carnation et aux éventuels antécédents de cancer cutané, en-dehors des séances d’exposition solaire prescrites précisément pour induire la repigmentation (UV en cabine ou UV naturels).
Rappelons que la dépigmentation peut survenir à n’importe quel moment de la vie, n’importe quel âge, quelle que soit la couleur de la peau ou le genre de la personne, quel que soit son lieu d’habitation. Retrouvez les quelques règles d’or à respecter pour bien prendre soin de sa peau, les gestes du quotidien sont importants pour ralentir l’évolution et l’extension du vitiligo, sur notre page de conseils pratiques !
Comment prendre rendez-vous
Un courrier du médecin traitant (ou pédiatre s’il s’agit d’un enfant) ou d’un dermatologue est nécessaire pour confirmer le diagnostic et débuter le traitement lors d’une consultation avec le dermatologue du CHU en charge de l’activité.
- Pour prendre rendez-vous en Guadeloupe, il suffit d’envoyer un mail à l’adresse sec.pfma@chu-guadeloupe.fr, en précisant en objet « demande de consultation pour vitiligo », avec le courrier du médecin en pièce jointe.
- Pour prendre rendez-vous en Martinique, il faut téléphoner au secrétariat du service de dermatologie (05 96 55 21 75) ou se rendre sur place, muni du courrier.
L’animatrice TV et sportive Nathalie Simon, championne de France de planche à voile en 1986, est atteinte de vitiligo depuis 24 ans et elle a choisi de ne plus le cacher ! Il y a quelques jours, elle a décidé de mettre son image au service de la lutte contre la maladie, et de briser les idées reçues.
Photos : © Nathalie Simon

Porter le vitiligo en tant que personnalité publique
Comme elle l’a confié à France 3 récemment, Nathalie Simon se lance dans un combat pour mieux faire connaitre le vitiligo. En tant que personnalité publique, l’image et le regard des autres est particulièrement important. Nous avions d’ailleurs abordé le sujet dans notre Groupe de Partage et de Soutien sur le thème « Montrer ou cacher son vitiligo« . Mais après l’avoir dissimulé pendant de nombreuses années à travers le maquillage correcteur, l’animatrice a admis qu’il était parfois trop compliqué de poursuivre dans cette voie, notamment de par ses activités régulières en plein air et parfois dans l’eau.
Alors, elle a décidé qu’à partir de 2023, elle n’allait plus le cacher (c’est déjà le cas depuis quelques mois), et qu’elle allait même le montrer et être active dans le combat contre la maladie ! Soutenue par sa fille, elle ajoute même qu’elle souhaite « apprivoiser, aimer [son] vitiligo… et surtout aider les gens qui en souffrent à retrouver de l’optimisme ! »

Un changement d’approche que l’on salue, car il peut permettre aux malades de se sentir moins seul·es face à la maladie. Et cette initiative est d’autant plus enthousiasmante qu’elle profite de sa visibilité pour faire passer des informations importantes que trop de personnes (incluant des médecins et dermatologues) ignorent encore aujourd’hui… notamment le fait que soigner le vitiligo est possible aujourd’hui.
Un échange avec Pr. Passeron (CHU Nice)
Nathalie Simon, qui réside dans le Sud de la France et est actuellement animatrice sur France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur, a débuté un traitement auprès du CHU de Nice et du Pr Thierry Passeron, membre de notre Comité Scientifique. Atteinte au niveau des mains et des coudes en particulier, elle a pu observer à cette occasion que le traitement fonctionnait bien.
Cette rencontre lui a donné l’idée de publier un échange sur son compte Instagram, suivi par plus de 28 000 abonnés ! Ensemble, ils ont abordé des points fondamentaux du vitiligo, notamment la façon dont il se déclenche, les différentes formes de vitiligo, et comment les traiter.
Nous rappelons que le CHU de Nice fait partie des 3 centres de référence du vitligo en France, aux côtés des CHU de Créteil et de Bordeaux.
Nathalie Simon sera bientôt de retour sur France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur, dans sa nouvelle émission « Waouh le Sud », rencontre avec de grands sportifs de la région ; le dimanche 19 février à 12h55, elle sautera en parachute avec les champions du monde Greg Crozier et Karine Joly !

En juin 2021, l’Association Française du Vitiligo était contactée par Madame Huguette Kalenga Fabiola, de nationalité Congolaise et vivant en République Démocratique du Congo. Concernée par le vitiligo, elle est aussi très sensible aux problèmes que rencontrent toutes les personnes qui en souffrent, et souhaitait alors créer une association afin d’apporter soutien, réconfort, informer, se mobiliser pour cette même cause.
Sans aucune hésitation, la réponse de l’Association Française du Vitiligo ne se fait pas attendre, et accepte d’apporter son aide. Après de nombreux échanges, conseils, encouragements, l’Association Franco-Congolaise du Vitiligo (AFCV) a vu le jour, en décembre 2021 et est devenue en même temps membre de VIPOC (Vitiligo International Patients Organization Committee).

Une fabuleuse énergie déployée pour le vitiligo
Depuis un peu plus d’un an, Huguette Kalenga Fabiola (Présidente de l’AFCV) et les membres de son association, ont réalisé plusieurs actions de sensibilisation à Kinshasa ; notamment une conférence de presse dans les locaux du ministère de la Santé Publique du Haut-Katanga, en présence du Dr François Kapamba (Directeur chef de division du ministère de la Santé Publique), de médecins dermatologues, cliniciens de la province de Lubumbashi, et de nombreux médias (TV, radios, presse).
Cette conférence de presse a permis d’informer sur le vitiligo et les discriminations dont souffrent les malades. L’AFCV a aussi fait part de son souhait d’obtenir les autorisations nécessaires à l’accès au nouveau traitement Ruxolinitib, récemment approuvé par la FDA pour les Etats-Unis.

De plus, l’AFCV a lancé officiellement son projet d’identification des personnes atteintes du vitiligo en République Démocratique du Congo, afin que la maladie soit inscrite dans le répertoire des pathologies reconnues par le Ministère de la Santé Publique. Elle milite également pour la création d’un laboratoire spécifiquement dédié aux examens dermatologiques.
En matière de communication, l’AFCV étudie de nouveaux concepts artistiques tels que la musique ou l’art graphique, afin d’améliorer ses campagnes et ses outils. Ainsi, l’association a récemment révélé des mascottes sous les traits d’un couple de super héros (voir image ci-dessous) !
Un flashmob a eu lieu au rond-point des Huileries à Kinshasa (l’un des carrefours les plus fréquentés de la capitale, voir photo ci-contre) ce 14 janvier 2023, avec la participation de plusieurs personnes malades rassemblées autour de l’accroche « Je suis vitiligieux, je brise le silence ».

Un grand bravo à l’AFCV, pour sa force et sa combativité ! Nous restons à ses côtés et ne manquerons pas de vous informer de leurs actions !
Le Vitiligo International Symposium (VIS) s’est tenu du 9 au 11 décembre dernier à Bangalore (Inde), et Nicolle, une des membres du Bureau de l’Association Française du Vitiligo a pu y participer ! Elle nous offre un résumé de cet événement international, organisé par la Global Vitiligo Foundation (GVF), qui a réuni près de 200 personnes : médecins, laboratoires, chercheurs, dermatologistes, les plus grands experts du vitiligo, venus du monde entier.

L’édition 2022 avait pour thème central : “Unloading the burden of vitiligo” (« Soulager le fardeau du vitiligo »). Les malades étaient représentés par les membres de VIPOC (Dr Maya Tulpule pour l’Inde, Stephen Taylor pour les USA, Gaone Matewa pour l’Afrique du Sud et Nicolle Maquignon pour la France), qui ont eu l’opportunité de présenter leurs différentes associations en session spéciale, mais aussi leurs réalisations et leurs attentes. Ils ont également eu le privilège d’accéder aux communications scientifiques, sans oublier les échanges formels et informels, avec les participants pendant ces 3 journées !


Les communications scientifiques de VIS 2022
La complexité de la physiopathologie de la maladie a été soulignée, impliquant les aspects génétiques, l’auto-immunité, les facteurs environnementaux, ou encore le stress oxydatif (Dr Hamzavi, Parsad, Dr Esmat).
Les communications scientifiques ont, entre autres, abordé également :
- les comorbidités, et notamment ce qui concerne la thyroïde (Dr Benzekri, Maroc),
- le risque du cancer, moins élevé chez les personnes atteintes de vitiligo (Dr Singh, Inde),
- l’importance du facteur psychologique (R. Carafello, Angleterre),
- la correspondance des zones atteintes de vitiligo segmentaire et le trajet sous cutané des vaisseaux artériels superficiels (Dr Gauthier),
- le traitement par photothérapie (Dr Narayan, Pays-Bas),
- les différents outils de mesure de l’évolution de la maladie (“Vitiligo Disease Activity Score” ou VIDA, “Vitiligo Signs Activity Score” ou VSAS, “Vitiligo Extent Scores” ou VES) (Dr R Mogawer, Egypte).
Visitez le site de la Global Vitiligo Foundation
pour en lire plus (articles et travaux scientifiques) !


Actualités internationales des différents traitements du vitiligo
Les avancées notables en matière de recherche sur le traitement du vitiligo ont été au centre de nombreuses communications, concrétisant des espoirs depuis longtemps exprimés. C’est le cas en particulier des inhibiteurs de JAK, qui constituent aujourd’hui une promesse bien réelle : le traitement topique ”Ruxolitinib” (Jak1/Jak2), récemment approuvé par la FDA pour les Etats-Unis (qui en fait le seul traitement spécifique pour le vitiligo à ce jour).
Les résultats des différents essais cliniques révèlent sa bonne efficacité sur toutes les parties du corps, y compris les pieds et les mains, souvent plus difficiles à repigmenter. Pr Passeron (ci-contre, membre de notre Comité Scientifique) a rappelé dans sa communication qu’il peut être utilisé seul ou, mieux, associé à la photothérapie pour un bénéfice optimal.

D’autres traitements en cours d’étude ont été présentés :
- Traitements topiques : Tofacitinib, Cerdulatinib, Cerdulatinib,
- Traitements systémiques : Ritlecitinib (Pfizer), Baricitinib, Baricitinib, Brepocitinib
Des études plus spécifiques portant sur les pieds et les mains sont aussi en cours, menées par le Pr Hyun Jeong Ju (Corée) et le Dr Yasmin Tawfik (Egypte). Il a été rappelé que d’autres formes de traitements sont également possibles (laser, greffes…) en fonction de la spécificité du vitiligo et de l’attente du malade.
La totale dépigmentation est aussi présentée comme une solution, qui doit être très prudemment envisagée et exige que le malade soit très bien informé de sa réalisation et de ses conséquences (D M Abdallah, Egypte). Enfin, les médecines alternatives et l’apport en vitamine D ont également fait l’objet de communications (Pr Grimes, Etats-Unis).
Le fardeau du vitiligo, thème central de ce VIS 2022
Les prises de parole des Dr Parsad, Dr Pandya et Dr Hamzavi ont ouvert la discussion concernant le fardeau dont souffrent les personnes atteintes de vitiligo. Son impact sur la qualité de vie des malades mais aussi celle de leurs proches (parents, frères et sœurs, amis…), sur sa vie professionnelle, amoureuse ne peut plus être négligé et doit faire l’objet d’une prise en charge spécifique.
Des constats amers, à propos de ces « taches blanches qui affectent l’âme » (Dr Hamzavi) :
La manque de confiance et de sensibilisation/d’information, tant chez les malades que chez les médecins, résulte en des situations de grande frustration des médecins (près de 70 %) qui ne voient pas le traitement proposé aboutir, et frustration des malades (près de de 50 %) qui ne suivent pas leurs traitements (trop longs, peu de résultats immédiats).
Par ailleurs, plus de 50 % des malades entendent lors de leur consultation qu’il n’y a « rien à faire »… Et le poids économique du vitiligo n’est pas suffisamment évalué : hospitalisation dues aux comorbidités, santé mentale, coût du traitement et contraintes (exemple : la photothérapie nécessite des déplacements et du temps).
Quelques chiffres alertants :
71% des personnes s’inquiètent à propos de l’évolution de la maladie,
57% expriment un sentiment de honte,
55% sont tristes et dépressifs voire suicidaires, avec des comorbidités psychiatriques importantes,
25% manquent de confiance en eux.
Etudes épidémiologiques et création du "Global Vitiligo Atlas"
Lors d’un groupe de travail organisé par Pr Ezzedine (membre de notre Comité Scientifique), avec la participation des patients indiens présents lors du Symposium (dont certains, membres de l’association indienne Shweta) et les représentants de VIPOC, celui-ci a rappelé l’importance des études épidémiologiques, indispensables pour comprendre et évaluer le poids du fardeau et son impact sur les différentes populations touchées par la maladie, en tenant compte notamment de leur situation géographique (prévalence, stigmatisation dans certains pays, rejet… ).

En 2015, les critères retenus par les chercheurs pour évaluer l’efficacité des essais cliniques portaient sur trois points : la repigmentation, les effets indésirables et le maintien de cette repigmentation. D’autres critères ont été recommandés depuis (qualité de vie, évolution de la maladie…), mais les études montrent que ces derniers n’ont pas été toujours été pris en compte.
Le questionnaire « Qu’attendez-vous de votre traitement ? Quels résultats sont véritablement significatifs pour vous ? », distribué aux participants a permis d’appréhender la diversité de leurs attentes… pas toujours en accord avec celles des chercheurs. Et surtout, il a permis de constater l’unanimité quant à l’impact sur la qualité vie (la stigmatisation est très forte en Inde tout particulièrement).
Pour les chercheurs, il s’agit non seulement d’obtenir des résultats probants quant à l’efficacité clinique du traitement, mais également de prendre en compte le vécu des patients, leur ressenti et leurs attentes, pendant et à la suite de ce traitement.
Des enquêtes doivent être menées plus largement auprès des patients (enfants et adultes) et de leurs proches, afin d’obtenir un consensus sur une normalisation des mesures de résultats (Core outcomes set). L’objectif est de conduire à des études plus facilement exploitables par tous les chercheurs, essentielles aux décideurs politiques en matière de santé.