Une étudiante en 6ème année de pharmacie prépare une thèse d’exercice sur le vitiligo et plus particulièrement le nouveau traitement Opzelura. Répondez à ses quelques questions en ligne (quelques minutes) afin de l’aider à appréhender au mieux l’impact psychologique, social et émotionnel de la maladie, et nos espoirs face à l’arrivée de ce nouveau médicament !
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Une thèse sur le vitiligo et l'Opzelura
Chloé Blais, étudiante en 6ème année de pharmacie dans la filière officine à la Faculté de Poitiers, prépare une thèse d’exercice en se concentrant sur l’étude du vitiligo et plus particulièrement le nouveau traitement Opzelura, qu’elle considère comme « une véritable prouesse dans la prise en charge de la maladie ». Afin d’explorer la diversité des réponses individuelles face au vitiligo et évaluer le degré d’attente quant au nouveau traitement, elle nous propose de répondre à une enquête en ligne.
Mise à jour 27/03/2024 : après avoir reçu suffisamment de réponses, l’enquête est clôturée !
Merci à toutes les personnes qui y ont participé.
Toute une partie de sa thèse sera dédiée à l’enquête, qui permettra de refléter l’impact de la maladie, les stratégies d’adaptation employées par les malades et leur espoir face à l’arrivée de ce nouveau traitement. L’étudiante nous fera parvenir sa thèse après sa soutenance !
Sensibiliser au vitiligo dans les pharmacies
Consciente que le vitiligo peut avoir un impact significatif sur la qualité de vie des patients touchés, allant de l’impact psychologique, social, émotionnel et aussi professionnel, mais aussi en raison de son caractère multifactoriel, Chloé considère que l’étude de cette maladie constitue un sujet de recherche important et très intéressant. Cette enquête aspire à donner une voix aux expériences personnelles des patients : aspects psychosociaux de la pathologie, expériences vécues, stigmates associés, stratégies d’adaptation…

Elle précise : « Je suis très intéressée par l’aspect dermatologique car je trouve que la peau est un miroir de l’intérieur et en l’occurrence travailler sur le vitiligo est très stimulant pour la compréhension des mécanismes sous-jacents. De plus, avec l’arrivée du nouveau traitement Opzelura®, on voit que la science avance et évolue avec le développement de nouvelles approches thérapeutique. »
Motivée par le désir d’améliorer la qualité de vie des patients atteints de vitiligo, de la réception d’une prescription à la délivrance du traitement, en passant par les conseils associés au comptoir d’une pharmacie d’officine, l’étudiante envisage de sensibiliser davantage au sujet du vitiligo. Et de mettre en pratique ses enseignements lors de son entrée dans la profession de pharmacienne !
À la suite de l’annonce – dans un précédent article – de la mise à disposition de la crème Opzelura en « accès direct » dans les pharmacies de rétrocessions, nous avons reçu de nombreuses questions pratiques. Nous avons récolté quelques informations complémentaires, et préparé une synthèse des informations principales à connaître, à ce jour.
Mise à jour : 10/04/2024 © Copyright : Association Française du Vitiligo

MISE À JOUR
23/07/2024 : Opzelura crème est désormais mise à disposition dans les pharmacies de manière classique, parmi les médicaments remboursables !
• Qui ? la crème Opzelura est prévue pour les personnes de plus de 12 ans, atteintes de vitiligo non-segmentaire (c’est-à-dire situé sur les deux côtés du corps) et avec une atteinte faciale (présence de vitiligo sur le visage)
• Quoi ? prescription de l’Opzelura crème (substance active : « Ruxolitinib ») par un dermatologue en libéral ou hospitalier ; celle-ci est faite lors d’une consultation, après avoir réalisé le diagnostic bien sûr
• Quand ? dès à présent
• Combien ? remboursement à 100% pendant un an, soit le temps maximal durant lequel Opzelura sera délivré en « accès direct » ; par la suite, le médicament devrait être mis sur le marché de façon ordinaire, son tarif n’est pas encore négocié par les parties prenantes, mais la Sécurité Sociale pourra prendre son coût en charge à hauteur de 65% comme cela a été validé fin 2023, et le reste pourra être remboursé par les mutuelles. Pr Guillot, membre de notre Comité Scientifique, a expliqué en détail ce dispositif de « l’accès direct » et ses modalités, lors des Rencontres Annuelles du Vitiligo 2024 : voir la vidéo.
• Comment ? la surface totale traitée ne devra pas dépasser 10% du corps (1% de surface du corps correspondant environ à 1 main), application 2 fois par jour, matin et soir. A titre indicatif, 1 tube peut convenir pour couvrir 1% de surface cutanée sur 6 mois ; le dermatologue doit indiquer « à renouveler » ainsi que le nombre de tubes prévus par mois (« soit pour 1 an… » ou « soit pour 6 mois… » par exemple).
Sur l’ordonnance du dermatologue doit figurer la mention « médicament en accès direct », pour que la pharmacie de l’hôpital passe la commande ; il est préférable de téléphoner avant pour réserver la crème, car la pharmacie de l’hôpital ne l’aura pas systématiquement en stock. A noter que cela pourra prendre un peu de temps selon la pharmacie, car ce dispositif en « accès direct » (qui permet à un médicament d’être délivré sur le marché de façon accélérée) n’a été mis en place qu’une seule fois depuis sa création (et pour la 1ère fois en dermatologie), il est donc nécessaire que chacun se l’approprie.
• Où ? les « pharmacies à usage intérieur » (PUI) dites aussi « pharmacie de rétrocession » sont l’unique lieu où est délivré Opzelua ; le produit est disponible en France métropolitaine ainsi qu’aux Antilles (avec délai plus long pour la livraison néanmoins) ; pour trouver les adresses proches de son domicile, nous vous proposons 2 possibilités :
- Sur le site de l’Agence Régionale de Santé (ARS), en filtrant par la région qui vous concerne
- Sur le site OMEDIT, ayant pour objectif d’animer la politique régionale des produits de santé définie par l’ARS, en insérant le nom de la région concernée dans l’url : www.omedit-[nomdelaregion].fr ; par exemple pour les Pays de la Loire : www.omedit-paysdelaloire.fr
Ce 31 janvier 2024 est à marquer d’une pierre blanche pour les taches banches du vitiligo en France ! Le Ministère de la santé vient en effet de publier un arrêté autorisant la délivrance de l’Opzelura® dans le cadre d’une procédure dite « d’accès direct ».
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Opzelura peut enfin être prescrit pour le vitiligo
Le médicament Opzelura peut donc être prescrit dès le 31 janvier 2024, par un dermatologue hospitalier ou libéral sur le territoire Français (et non un médecin généraliste, contrainte de l’Autorisation de Mise sur le Marché), qui devra préciser « médicament en accès direct » sur l’ordonnance. La particularité de ce système est que la crème sera fournie seulement par les « pharmacies de rétrocession » rattachées à certains hôpitaux (la liste de ces pharmacies est disponible sur les sites internet de chaque Agence Régionale de Santé).

Il faudra donc se déplacer, parfois un peu loin de son domicile, toutefois le médicament y sera délivré en étant remboursé à 100%. Le prix du médicament ne nous est pas connu à ce jour, mais il a été indiqué par le laboratoire Incyte Biosciences auprès du Ministère de la santé, lors de la demande d’accès direct.
Les dermatologues seront informés dans les prochains jours de cette possibilité très exceptionnelle de délivrer l’Opzelura en « accès direct » (seul un autre médicament, pour hémophilie, bénéficie de cette procédure de délivrance accélérée).
La mise à disposition dans toutes les pharmacies de ville en France demande encore un long processus de négociation du prix final entre les Laboratoires Incyte Biosciences et la Commission Économique des Produits de Santé. Comme on vous l’expliquait dans un article récent, le remboursement du médicament sera pris en charge à hauteur de 65% dans le cadre d’une délivrance « ordinaire » prescrit par un dermatologue.

Comme nous vous l’annoncions en avril dernier, la crème Opzelura avait reçu officiellement une autorisation de mise sur le marché le 19 avril 2023, valable dans toute l’Union Européenne. Puis en novembre 2023, la Haute Autorité de Santé avait publié son avis favorable au remboursement du médicament, pour lequel l’Association Française du Vitiligo avait joué un rôle déterminant dans l’accélération du processus et l’obtention du meilleur remboursement possible.
Pr Guillot, membre de notre Comité Scientifique, a expliqué en détail ce dispositif de « l’accès direct » et ses modalités, lors des Rencontres Annuelles du Vitiligo 2024 (vidéo ci-contre).
Rappels utiles à propos de Opzelura
Ce traitement se présente sous forme de tube de crème (100g) à appliquer sur les zones de peau dépigmentée 2 fois par jour, sur un maximum de 10% du corps en même temps. Opzelura peut être utilisé chez les adultes et adolescents à partir de 12 ans, atteints de vitiligo non segmentaire (c’est-à-dire situé sur les deux côtés du corps, y compris le visage). Bien entendu, le traitement doit être instauré et supervisé par un médecin expérimenté dans le diagnostic et le traitement du vitiligo non segmentaire.

La substance active de la crème s’appelle « ruxolitinib », dont on vous avait déjà fait l’écho à plusieurs reprises, qui réduit la capacité du système immunitaire à détruire les mélanocytes, ce qui leur permet de produire du pigment. Pr Thierry Passeron (Chef du service de Dermatologie CHU de Nice et membre de notre Comité Scientifique) avait présenté une conférence au sujet du ruxolitinib crème, lors des Rencontres Annuelles du Vitiligo 2023 (vidéo ci-contre).
LIRE AUSSI : nos réponses à vos questions pratiques concernant Opzelura
VOIR AUSSI
Journal Officiel du 31 janvier 2024 texte 30 réf TSSS2402558A
(Journal Officiel du 31 janvier 2024 texte 30 réf TSSS2402558A)
Dans le cadre du développement d’un programme d’Education Thérapeutique du Patient (ETP) initié par le CHU de Bordeaux, afin de mieux accompagner les patient·es dans les services hospitaliers de dermatologie, nous vous avions proposé de répondre à un questionnaire en 2022, concernant votre rapport au maquillage correcteur et vos habitudes d’utilisation. Vous avez été nombreux à y répondre, et on est heureux de vous partager ici les principaux résultats de cette étude.
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Nos besoins en tant que patients
D’après les résultats de l’étude, en moyenne 38% des malades utilisent le maquillage correcteur, et la courbe a tendance à s’accroître en fonction de l’impact du vitiligo sur la vie (voir diagramme). Les personnes concernées ont principalement recours à des fonds de teint (65%), mais aussi de l’autobronzant (39%), antiennes / correcteur (36%) ou de la poudre compacte (27%).

Pour la grande majorité des répondants, le maquillage correcteur a un impact significatif sur : la confiance en soi, les relations sociales, la vie affective, mais aussi la qualité de vie en général (voir diagramme).

En revanche, de nombreux freins peuvent avoir tendance à empêcher le recours au maquillage correcteur. Ceux-ci sont principalement liés à l’absence de conseils pour choisir le produit adéquat, ou une couvrance insuffisante du produit, une tenue trop limitée dans le temps, une non-résistance à l’eau. D’autres raisons ont également été évoquées par la plupart des personnes ayant répondu au questionnaire (voir diagramme).

Le maquillage correcteur, un accompagnement face au vitiligo
Maquillage et traitements sont compatibles et permettent une meilleure observance des prescriptions médicales. Le maquillage correcteur est plus souvent proposé dans les CHU, en-dehors d’un programme ETP construit pour le vitiligo. A ce sujet, l’Association Française du Vitiligo propose régulièrement dans son agenda des masterclasses en présentiel et des workshops en distanciel, Récemment, nous avons participé au cycle de formation de socio-esthéticiennes, et de professionnels du maquillage (pour l’enseigne Sephora). Enfin, nous préparons des tutos dédiés au maquillage spécifique du vitiligo qui seront bientôt en ligne !
Comme nous le précisions dans un article précédent, les programmes d’Education Thérapeutique du Patient vitiligo sont encore à développer dans les services de dermatologie et dans les cabinets des dermatologues en ville. Proposés pour d’autres maladies chroniques de la peau à fort impact sur la qualité de vie, ces programmes s’adressent aux malades et à leurs proches, afin de répondre aux questions qu’ils peuvent se poser et à leurs besoins pour améliorer leur vie quotidienne.

Dans le cadre du développement d’un programme d’Education Thérapeutique du Patient (ETP) initié par le CHU de Bordeaux, afin de mieux accompagner les patient·es dans les services hospitaliers de dermatologie, nous vous avions proposé de répondre à un questionnaire en 2022, concernant nos besoins d’accompagnement en tant que malades. Vous avez été nombreux à y répondre, et on est heureux de vous partager ici les principaux résultats de cette étude.
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Fort impact de la maladie et besoin d’informations
895 personnes ont participé à l’étude, permettant de récolter des informations précieuses et précises concernant nos besoins et nos attentes. Parmi ces informations, on peut retenir principalement que :
L’impact du vitiligo sur la qualité de vie en général, ainsi que son impact physique et moral au quotidien, est évalué de fort à très fort pour plus de 50% des répondants (et plus de 80% si on inclut les réponses « impact moyen »). 12,18% des personnes ont précisé que l’impact porte sur tous les domaines de la vie (personnel, professionnel, intime, amical), et dans l’ensemble, 67% ont pointé du doigt l’impact sur leur vie personnelle, et 58% sur leur vie professionnelle.
71% des personnes estiment ne pas avoir été bien informées lors de la prise en charge de la maladie. Les sujets liés à la maladie sur lesquels les répondants ont indiqué vouloir être mieux informés sont principalement : l’évolution de la maladie, la gestion des poussées, les facteurs déclenchants, la gestion du vitiligo au quotidien, ou encore la reconnaissance des signes d’activité de la maladie.
En ce qui concerne les traitements plus spécifiquement, les besoins d’information portent principalement sur les traitements actuels, les objectifs thérapeutiques suivis (stabilisation, repigmentation…), les traitements à venir, l’exposition solaire, le maquillage correcteur, ou encore la photothérapie.
Enfin, le regard des autres est ressenti de façon plus ou moins difficiles selon les personnes (voir diagramme ci-contre).
L’ensemble des réponses, détaillées, est disponible en ligne dans ce document.

Une première impulsion pour un programme d’ETP vitiligo ?
Les programmes d’ETP vitiligo sont encore à développer dans les services de dermatologie et dans les cabinets des dermatologues en ville. Proposés pour d’autres maladies chroniques de la peau à fort impact sur la qualité de vie, les programmes d’Education Thérapeutique du Patient s’adressent aux malades et à leurs proches. Ils proposent des contenus informatifs et d’accompagnement (atelier maquillage correcteur par exemple) à la fois individuels et collectifs, visant à répondre à toutes les questions que les malades peuvent se poser et à leurs besoins pour améliorer leur vie quotidienne.

La 5ème édition de la conférence nationale de la Fédération Française de la Peau (FFP) s’est tenue le 5 décembre 2023, au Palais des Congrès de Paris, en marge des Journées Dermatologiques de Paris 2023. Les 4 tables rondes de cette journée sont disponibles en vidéo, pour voir où revoir les sujets variés qui ont été abordés !
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"Démocratie en santé"
Notre Présidente Martine Carré a participé à une table ronde de cette journée placée sous le thème de la « Démocratie en santé », ainsi que notre Vice-Président Jean-Marie Meurant, représentant l’association internationale VIPOC pour l’occasion. Des thèmes variés ont été explorés, de l’accès aux soins à la télé-expertise, en passant par la place des associations dans les politiques de santé, la recherche médicale et les essais cliniques, renforçant ainsi la collaboration entre les acteurs clés du secteur.

Des débats animés ont ainsi pu émerger autour des défis contemporains de la dermatologie, tels que les avancées technologiques en médecine et la sensibilisation du public aux problématiques cutanées. Ces échanges fructueux ont contribué à l’approfondissement des connaissances et à favoriser une approche multidisciplinaire, pour répondre aux complexités croissantes des soins de la peau, face aux avancées liées à la prise en charge des malades atteints de pathologies dermatologiques en France.
Table ronde 1 : Quel(s) avenir(s) pour la Dermatologie en territoire ?
Faire échanger dermatologues, associations de malades, autorités de santé et élus ancrés dans les territoires pour dessiner une vision prospective de la dermatologie. Quelles évolutions récentes ou en cours peuvent être mobilisées pour garantir à tous un égal accès aux soins ?
Avec : Dr Daniel Habold, Directeur de la Santé publique, ARS Nouvelle-Aquitaine • Dr. Luc Sulimovic, Président du Syndicat National des dermatologues-vénérologues (SNDV) • Pr Marie Beylot Barry, CHU de Bordeaux, Société Française de Dermatologie (SFD) • Mme Wafa Chaabi, Président de l’Association les Enfants de la Lune
Table ronde 2 : Télémédecine et Dermatologie : Nouveaux défis, nouvelles opportunités au service des malades
Errance diagnostic, retard de prise en charge, ruptures de parcours : la télé-expertise peut-elle contribuer à créer un maillage local ville-hôpital, à construire la confiance et à partager la compétence dermatologique ?
Avec : Mme Adeline PATTE, Chargée de la mission télésanté, ARS Bourgogne Franche-Comté • Professeur Tu-Anh Duong, AP-HP, Hôpital Ambroise-Paré • Mme Josiane Corneloup, Députée, Dr en pharmacie • Mme Martine Carré, Présidente de l’Association Française du Vitiligo
Table ronde 3 : Démocratie en santé, quelle place pour les associations dans les politiques de santé ?
Plus de 20 ans après la loi de 2002, même si des avancées sont constatées, beaucoup reste à faire. Echanges autour des limites de l’implication des associations dans les politiques de santé et comment les dépasser.
Avec : M. Christian Saout, membre du Collège de la HAS • Mme Anne-Sophie Joly, Présidente fondatrice du CNAO – membre du conseil scientifique de l’Université Paris Saclay – comité opérationnel « feuille de route obésité » (Ministère de la Santé) • Pr Gaelle Quéreux, Présidente de la Société Française de Dermatologie • Mme Bénédicte Charles, Présidente de l’association France Psoriasis
Table ronde 4 : Place des associations dans la recherche médicale et les essais cliniques
Qu’attend-on d’une plus grande implication des malades dans la recherche médicale et les essais cliniques, du point de vue des chercheurs, des autorités, des associations et des industriels de la santé ?
Avec : Pr Pierre Cochat, Président de la commission de la transparence de la HAS • Pr Christine Bodemer, Investigateur principal d’essai clinique – Coordinateur de projets de recherche, FIMARAD, Hôpital Necker • Dr Antoine Ferry, Vice-Président du Comité maladies rares du LEEM • Pr Olivier Chosidow, AP-HP, Hôpital Henri-Mondor • M. Jean-Marie Meurant, Président de l’association Vitiligo International VIPOC
Des rencontres indispensables
Destinée aux aux responsables, bénévoles et patients-experts des associations de malades en dermatologie, mais aussi aux professionnels de santé qui s’intéressent au développement du travail en coordination avec les représentants des malades, cette 5ème édition de la Conférence Nationale de la FFP a constitué un rendez-vous important pour les experts, chercheurs et professionnels engagés dans le domaine dermatologique. Les laboratoires pharmaceutiques et personnalités du monde politique impliquées dans la dermatologie et l’aide aux patients ont également répondu présent.
En réunissant les principaux acteurs du domaine pour discuter des dernières avancées scientifiques, du rôle indispensable des associations et des enjeux cruciaux liés à la santé de la peau, la 5ème édition de la conférence nationale de la FFP a apporté une contribution significative à l’évolution continue de la dermatologie en France.
À la suite de la Conférence VEISS à St Martin, Nicolle Maquignon s’est rendue en Guadeloupe où elle a rencontré les personnes de la plate-forme des Maladies Rares (KarukeRares) au CHU de Pointe à Pitre, puis est intervenue au Lycée de Gerville-Réache, à Basse Terre. Cette rencontre a eu lieu dans le cadre d’une opération « Se sentir bien au Lycée », visant à parler du vitiligo et présenter l’Association Française du Vitiligo.
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La Plate-forme de coordination des Maladies Rares KarukeRARES (CHU Pointe à Pitre)
Une rencontre avec Dr Lyne Valentino (Cheffe de projet KarukeRares), Dany Deschamps (Secrétaire médicale), un adhérent de l’AFV (ancien médecin et lui-même atteint du vitiligo), a permis de décrire la situation en Guadeloupe : peu de dermatologues, la maladie est encore mal connue par les médecins et le grand public, mettant les malades dans une certaine errance diagnostique et parcours de soins difficile. Par ailleurs, très peu de malades du vitiligo suivent un traitement, et un grand nombre d’entre eux croit encore au « remède cubain », qui représente un coût très élevé (transport, hébergement, produit). Beaucoup de « croyances » persistent donc par rapport à la maladie, ainsi que les recherches de produits miracles sur Internet.
Notre adhérent, habitant de la Guadeloupe et ayant lui-même a été victime de moqueries, a pu recenser autour de lui 9 personnes atteintes du vitiligo. Il se mobilise pour les réunir et former un petit groupe, les informer des possibilités de traitement, restant en contact avec l’Association Française du Vitiligo à ce sujet.
La plateforme KARUKERARES, plateforme destinée à orienter les patients atteints d’une maladie rare et portée par le CHU de la Guadeloupe, n’a pas encore permis d’identifier, à ce jour, le nombre de personnes atteintes du vitiligo en Guadeloupe. Cependant, ayant reçu un financement pour lancer en 2024, une étude sur la prévalence des maladies rares en Guadeloupe (incluant le vitiligo), pourra être lancée prochainement.

Par ailleurs, une petite bibliothèque sera bien créée au sein de la plate-forme, dans laquelle notre BD « Le vitiligo et nous… » trouvera sa place ! Des actions de sensibilisation dans les écoles sont également prévues, dans le cadre de l’opération « rendre visible l’invisible ».
Intervention au Lycée Gerville Réache (Basse-Terre)
Dans le cadre du projet « Se sentir mieux au lycée », qui aborde les problèmes de santé des élèves (malnutrition, harcèlement pour certains, victimes de grossophobie ou atteints de maladie mal connues ou affichantes), l’AFV a été invitée à intervenir pour parler du vitiligo. Deux sessions d’une heure ont été réalisées, pour des classes de seconde, première et terminale avec une priorité aux élèves de ST2S (Sciences et Technologies de la Santé et du Social). Au total, près de 100 jeunes de 15 à 18 ans ont pu participer, ainsi que 2 professeurs et un élève atteint de vitiligo, accompagné de sa maman.

Il s’agissait d’une des premières interventions de l’AFV en milieu scolaire. Lors de ces échanges, quelques élèves ont déclaré avoir déjà vu des personnes avec le vitiligo, sans vraiment mettre un nom sur cette dépigmentation. Une écoute attentive et curieuse de la part de nombreux élèves a suscité des questions intéressantes (sur les soins de la peau, le maquillage, le diagnostic, les maladies associées, la douleur, la différence entre maladies rares et orphelines). Ces échanges ont aussi permis de mieux connaître la maladie, d’y porter un autre regard, mais aussi de bousculer quelques idées reçues sur l’hérédité, les traitements, le soleil, le risque de cancer ou encore l’albinisme… Par ailleurs, la référence à des personnes célèbres (Michael Jackson, Michaela de Prince ou Edouard Philippe) a aidé à mieux comprendre et « visualiser » la maladie.
Le témoignage de Kimany, élève atteint du vitiligo (photo ci-contre) a été aussi très écouté : bel exemple, très sportif, il a lui-même trouvé la force de vivre avec la maladie, sans attacher trop d’importance au regard des autres. Une réunion parents-professeurs avait lieu le lendemain de cette session : certains élèves avaient déjà passé le message à leurs parents, qui à leur tour en ont parlé avec le professeur !

Suite à cette intervention, quelques initiatives intéressantes ont été lancées :
- Monsieur le Proviseur propose un affichage de panneaux dans les couloirs extérieurs du lycée sur le thème « Une maladie, une information » (dont le vitiligo), dans le cadre du projet « Se sentir bien au lycée »
- Le Centre de documentation et d’information (CDI) du lycée fera un article sur la présentation de l’AFV dans le journal du lycée et a mis à disposition notre BD ainsi que des flyers
- Un groupe d’élèves se propose de faire un petit exposé à d’autres classes sur le vitiligo, séances supervisées par leur professeur
- La professeure de ST2S présente lors des deux interventions a proposé aux candidats au grand oral du baccalauréat, de choisir le vitiligo comme sujet d’étude : plusieurs élèves se sont portés candidats ! L’AFV apportera bien sûr son aide à ces derniers (information, données chiffrées, photos..).
Un grand MERCI à Madame et Messieurs les Proviseurs, Madame l’infirmière, Madame et Monsieur les responsables du centre de documentation, Madame Saint-Maximin, Monsieur Ludovic Ollivier, sans oublier Kimany, qui a bien voulu témoigner.
Photo : Nicolle Maquignon, membre de notre Comité d’Administration, et M. Lapin (Proviseur du lycée)

La 2ème conférence organisée par l’association VEISS (Vitiligo, Educate, Inspire, Support SXM) s’est déroulée autour du thème de la Santé mentale, du 1er au 3 décembre 2023 à Saint-Martin (Antilles). Nicolle Maquignon, membre du Comité d’Administration de l’Association Française du Vitiligo et membre du bureau VIPOC, a pu y participer et nous résumer ces 3 jours intenses dans cet article !
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Le vitiligo à St Martin (zone française et néerlandaise)
Jacqueline Vrolijk, Présidente et Gerline Isaac, Fondatrice, ont pris la parole tour à tour pour présenter les actions, l’histoire, les projets de VEISS. Cette association, la première et la seule à ce jour, pour la zone carribéenne. Elle souhaite rassembler les personnes souffrant du vitiligo à St Martin, zone francophone et anglophone, et peut être aussi moteur pour une coopération avec les îles voisines, créant ainsi une dynamique régionale pour une meilleure reconnaissance de la maladie.
Stephen Taylor (VStrong, USA), et Nicolle Maquignon (Association Française du Vitiligo), tous deux membres du bureau VIPOC, ont participé à ces 3 jours de conférences et présenté les missions et les objectifs de VIPOC et de la Global Vitiligo Foundation. Ils ont pu partager leur expérience en tant que membres d’une communauté internationale dédiée au vitiligo, et présenter les avancées de la recherche et l’arrivée des nouveaux médicaments. Ils ont par ailleurs souligné la place et le rôle des associations de patients, aujourd’hui reconnue et essentielle pour les chercheurs et scientifiques.
Photo : page Facebook de VEISS

Pour l’association VEISS, cette conférence clôt l’année 2023, consacrée principalement à l’Education (E comme Educate) : dans ce cadre, plus de 500 élèves/étudiants Saint Martinois (zone anglophone) ont bénéficié d’une information et d’une sensibilisation au vitiligo, mission inscrite en priorité dans les actions de l’association. Une dernière rencontre de ce type a été organisée le 2 décembre au Lycée professionnel Daniel Choisy, zone française, avec les élèves de l’option Sanitaire et Sociale, en présence de Stephen Taylor et Nicolle Maquignon (photo ci-dessous). Il s’agissait d’une première intervention de VEISS en zone francophone.
Les élèves, futures professionnelles du domaine de la santé, un peu timides, ont pu mettre un nom sur cette maladie qu’elles côtoyaient parfois sans la connaître, et comprendre les difficultés que pouvaient rencontrer les personnes souffrant du vitiligo.

La santé mentale au centre des préoccupations
Durant ces 3 jours, les différents intervenants (médecins, psychologues, psychothérapeutes) se sont intéressé à l’impact du vitiligo sur la santé mentale, en partageant notamment des témoignages touchants révélant les difficultés des uns et des autres dans leur vie quotidienne, stigmatisés dans leur vie personnelle et professionnelle. Par exemple, une hôtesse de l’air d’une grande compagnie ne pouvant plus exercer à cause de ses mains dépigmentées. Leurs interventions se sont concentrées surtout autour des domaines du mieux-être, lâcher prise, confiance en soi, accomplissement personnel, gestion du stress… pour une meilleure qualité de vie.

Par ailleurs, Il faut savoir que l’île de St Martin ne compte que… 2 dermatologues. Or, habiter sur une île peut exacerber les problèmes : difficile de ne pas être remarqué… et bien souvent, si l’enfant avec du vitiligo peut être ostracisé, la famille entière l’est également. A ce propos, une élève de 10 ans, qui a participé aux rencontres organisées dans les écoles, a apporté un témoignage fort et lucide, sur les jeunes personnes victimes de harcèlement.

Le rôle important des associations/groupes support a été souligné pour sortir de l’isolement, partager, être écouté, renforcer l’estime de soi, proposer un soutien psychologique, guider sur le chemin de l’acceptation… Les représentants d’associations invitées ont également apporté leur contribution, en soutien à l’association VEISS, et présenté leurs actions (Tonja Johnson de Floride, Akenna Kublal de Trinidad) sans oublier l’exploit sportif réalisé par Daniel Kalakech, (Saint-Martin) mêlant ascension du Mont-Blanc et du Kilimandjaro, assorti d’un don pour la recherche au CHU de Bordeaux.
Le Ministre de la Santé, la directrice du Tourisme, le responsable du Service social, présents lors de la Conférence, ont apporté ou renouvelé leur soutien à l’association VEISS. Celle-ci, fortement impliquée dans sa mission, joue un rôle de leader en étant la première et la seule association pour le vitiligo dans cette région caribéenne. Reconnue par les autorités et services publics, elle organise de nombreux événements : zumba, randonnées, gala/dîner de charité afin de récolter des fonds, et bénéficie de l’aide de quelques sponsors. Elle mérite cependant encore plus de soutien afin de ne pas se voir limitée dans ses ambitions !

Beaucoup d’informations circulent sur internet, depuis l’annonce de l’avis favorable publié par la Haute Autorité de Santé pour le remboursement de Opzelura (ruxolitinib), 1er médicament dans le traitement du vitiligo ! Mais à l’heure où l’on écrit cet article (20 décembre 2023), qui connaît le prix de vente en pharmacie de l’Opzelura aujourd’hui en France ? La réponse est simple : personne ! Explications.
Par Jean-Marie Meurant, Vice-Président de l’Association Française du Vitiligo
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Les négociations restent à finaliser
Même si certains réseaux sociaux s’autoproclament « bien informés », personne ne connaît actuellement le prix de vente en pharmacie de l’Opzelura, dans la mesure où la négociation n’a pas encore abouti entre le Comité économique des produits de santé (CEPS) et le laboratoire Incyte… ou n’a peut-être même pas encore débuté.
Le CEPS est très majoritairement composé de représentants des ministères de la santé et des finances, ainsi que des instances qui gèrent les budgets et dépenses de la santé (caisse nationale d’assurance maladie, sécurité sociale, etc.). Dans sa mission, le CEPS négocie, avec chaque laboratoire concerné par un médicament qui sera en vente en pharmacie, plusieurs aspects de la mise en vente :
- Le prix des médicaments et son évolution, les volumes de vente, les remises,
- Les engagements des entreprises concernant le bon usage des médicaments,
- Les modalités de participation des entreprises à la mise en œuvre des orientations ministérielles.

Opzelura en vente en France : à quelle étape en sommes-nous ?
À la suite de la signature d’une convention entre le CEPS et le laboratoire, le Ministre de la Santé officialise (par arrêté) le prix du médicament qui sera pratiqué en pharmacie, sur le territoire français. L’Opzelura a déjà franchi plusieurs étapes parmi les plus importantes pour les malades (Agence Européenne du médicament, Haute Autorité de Santé, Service Médical Rendu) mais il reste cette dernière négociation et l’arrêté du ministère de la Santé avant d’en connaître définitivement le prix.
Si vous voulez aller plus loin et suivre le parcours complexe (mais indispensable) jusqu’à la fixation du prix, nous vous invitons à consulter le site sante.gouv.fr ainsi que les différents sites de la Haute Autorité de Santé et de l’Agence National de Sécurité du Médicament.
