Le vitiligo vu par l’immunologie : éclairages d’une thèse de doctorat en pharmacie
C’est avec passion et engagement personnel que Victoria Peter, récemment diplômée Docteur en Pharmacie à la faculté de Pharmacie de Strasbourg, a consacré sa thèse de fin d’études au vitiligo sous la direction du Pr Pauline Soulas-Sprauel, Professeur d’Immunologie. Une démarche que l’étudiante qualifie elle-même de « photo à un instant T » de l’éventail thérapeutique disponible et en développement, enrichie d’une approche immunologique fine qui mérite d’être partagée.
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L’immunologie, clé de compréhension du vitiligo
L’immunologie joue un rôle fondamental dans les mécanismes du vitiligo, en croisant l’immunité innée et adaptative (les mélanocytes, cellules responsables de la pigmentation, étant détruits sous l’effet de mécanismes immunitaires complexes), avec des pistes de recherche de plus en plus fines pour en décrypter les causes et les leviers d’action. Outre les facteurs génétiques et environnementaux, le stress oxydant et les déséquilibres immunitaires contribuent à déclencher et à entretenir la maladie. C’est donc tout naturellement que les nouvelles thérapeutiques explorent ces mécanismes en profondeur.
L’exemple le plus emblématique reste l’arrivée du ruxolitinib, un « inhibiteur de JAK », spécifiquement indiqué pour le traitement du vitiligo. Ce traitement cible directement certaines voies de signalisation immunitaires impliquées dans la destruction des mélanocytes. Un pas de géant dans la reconnaissance thérapeutique du vitiligo et un signal fort adressé à la communauté scientifique et médicale.

La thèse présente notamment une ouverture sur les traitements à venir, à travers l’analyse d’essais cliniques en cours et du rationnel immunologique sous-jacent. De nombreux traitements du vitiligo sont utilisés hors AMM (Autorisation de Mise sur le Marché, accord officiel délivré par une agence de santé qui permet à un médicament d’être commercialisé car il est jugé sûr, efficace et de qualité), ce qui rend d’autant plus nécessaire l’information des pharmaciens et patients pour sécuriser leur usage.
Informer pour mieux accompagner
Au-delà de l’inventaire scientifique, Victoria Peter insiste sur un point essentiel dans sa pratique de pharmacienne : l’écoute du patient. Comprendre pourquoi un traitement est prescrit, quels sont les besoins du patient, et adapter le conseil en conséquence. Elle souligne aussi l’importance d’une formation continue, dans un domaine où la recherche évolue vite, mais reste encore trop peu connue.

L’implication des professionnels de santé est en effet essentielle pour mieux informer, orienter, et accompagner les patients. Elle précise : « En tant que pharmaciens, nous ne connaissons pas toujours le diagnostic qui a conduit à la prescription d’un médicament. Il est donc essentiel d’interroger le patient pour savoir si le traitement est bien prescrit dans le cadre de l’AMM et, par conséquent, d’adapter les conseils donnés. J’avais donc très envie, dans le cadre de ma thèse, de faire un tour d’horizon des traitements pouvant être utilisés dans le vitiligo d’après les dernières recommandations internationales. »
Une perspective personnelle et professionnelle
Atteinte elle-même de vitiligo depuis une dizaine d’années, Victoria Peter souhaitait apporter, à travers ce travail, une meilleure compréhension de la maladie à ses pairs et aux patients. Son vécu a renforcé sa volonté d’explorer les traitements disponibles et en développement, tout en mettant en lumière la réalité quotidienne des personnes concernées, souvent confrontées à une absence de solution ou à un suivi insuffisant.
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Dans le cadre de la rédaction de cette thèse, l’étudiante s’est notamment appuyée sur sa propre expérience de traitement interrompu, par manque de solutions perçues et de régularité dans l’application des protocoles, notamment avec le Protopic®. Son parcours universitaire et un stage en service d’essais cliniques l’ont poussée à vouloir décortiquer le fonctionnement des essais thérapeutiques et à apporter des réponses concrètes, scientifiquement étayées, autour du vitiligo.
Cette thèse est une ressource précieuse pour mieux comprendre le vitiligo du point de vue scientifique, mais aussi humain. Nous adressons toutes nos félicitations à Victoria Peter pour son travail et pour avoir choisi cette problématique qui nous touche particulièrement.