Vitiligo : l’OMS reconnaît les maladies de peau comme priorité mondiale de santé publique
C’est une avancée historique pour les plus de 2 milliards de personnes dans le monde atteintes d’une maladie de peau : lors de la 78e Assemblée mondiale de la santé (78th World Health Assembly ou WHA78) ayant eu lieu du 19 au 27 mai 2025, les États membres ont adopté une résolution inédite plaçant les maladies de la peau au cœur des priorités de santé publique. Le vitiligo, comme d’autres pathologies visibles, est pleinement concerné par cette décision.
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Une résolution portée par des États engagés
C’est un moment marquant dans l’histoire de la dermatologie mondiale. La résolution intitulée « Les maladies de peau, priorité mondiale de santé publique » (“Skin Diseases as a Global Public Health Priority”) a été adoptée lors de la 78e Assemblée mondiale de la santé (WHA78). Portée par la Côte d’Ivoire et co-parrainée par la Colombie, la Chine, l’Égypte, la Micronésie, le Nigéria et le Togo, elle vise à combler un retard important dans la reconnaissance des maladies dermatologiques à l’échelle internationale.

Cette résolution appelle à la création d’un Plan d’action mondial pour améliorer la prévention, le diagnostic, le traitement et la prise en charge des maladies de peau, tout en intégrant la santé cutanée dans les systèmes de santé existants.
Les chiffres sont sans appel : en 2019, 4,69 milliards de nouveaux cas de maladies de peau ont été recensés dans le monde. Et si plus de 3 000 pathologies sont identifiées, 10 d’entre elles concentrent l’essentiel du fardeau mondial. Pourtant, ces maladies restent encore largement négligées dans les politiques de santé publique.
Une mobilisation internationale pour une réponse intégrée
La résolution reconnaît la diversité des maladies concernées – infectieuses, auto-immunes, génétiques, ou liées au climat – et leur impact sur la santé mentale, le bien-être social, et la qualité de vie.
Parmi les priorités fixées :
- Renforcer les soins de santé primaires et la formation des professionnels de santé,
- Améliorer l’accès aux diagnostics et aux traitements abordables,
- Intégrer la santé de la peau dans les politiques liées au handicap, à la réhabilitation et à la santé mentale,
- Promouvoir la recherche, la surveillance, l’innovation, et les outils numériques, dont la télédermatologie.
“La voix des personnes vivant avec une maladie de peau a enfin été entendue par les ministres de la santé du monde entier”, a déclaré Jennifer Austin, Directrice générale de l’Alliance internationale des organisations de patients en dermatologie (GlobalSkin).
Pour le Pr Henry W. Lim, président de la Ligue internationale des sociétés de dermatologie (International League of Dermatological Societies ou ILDS), “cette résolution représente des décennies de progrès scientifiques et de plaidoyer”. Il appelle désormais à une mise en œuvre inclusive et durable.

Un engagement collectif indispensable
L’OMS pilotera l’élaboration du Plan d’action mondial. Les parties prenantes – gouvernements, ONG, universités, secteur privé, organisations de patients – sont invitées à collaborer pour transformer cet engagement en actions concrètes. “La réussite de cette résolution dépendra de la coopération de tous”, a rappelé Marc Yale, Président de la World Skin Health Coalition.
Et comme l’a souligné Dr Claire Fuller, présidente de la Fondation internationale de dermatologie (FID), “la résolution reconnaît l’intersection entre santé de la peau, santé mentale, stigmatisation et bien-être social. C’est une approche globale, qui profitera à des millions de personnes.”
Vitiligo International Patient Organizations Committee (VIPOC) qui regroupe plus de 40 associations de malades du vitiligo dans 30 pays dans le monde a soutenu cette résolution. Freddy Banza, membre du conseil d’administration et ambassadeur VIPOC, était présent au siège de l’OMS à Genève pour expliquer les impacts du vitiligo et les enjeux de meilleures prise en charge du vitiligo pour les malades dans tous les pays. A cette occasion, il a rencontré spécialement le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus (Directeur Général de l’OMS), le Dr. Socé Fall (Directeur des maladies non transmissibles), le Dr. Kingsley (Responsable des maladies de la peau), Le Dr. Jacob (Responsable de la classification internationale des maladie) à propos des enjeux cruciaux pour les malades du vitiligo dans les différentes régions du monde. (voir photo ci-jointe : Freddy Banza (VIPOC) et Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur Général au siège de l’OMS)

L’Association Française du Vitiligo et la Fédération Française de la Peau (qui regroupe 35 associations de malades de la peau dont l’AFV), vont demander une réunion avec le Ministre de la Santé pour voir les déclinaisons de cette résolution historique dans nos territoires. Affaire à suivre…