Vitiligo et soleil : comment gérer les UV dans les zones très exposées ?
À l’occasion des Rencontres Annuelles du Vitiligo 2025, le Pr. Antoine Bertolotti (CHU Saint-Pierre, La Réunion) et le Pr. Julien Seneschal (CHU Bordeaux) ont partagé leur expérience autour de la consultation vitiligo à La Réunion. L’occasion d’évoquer les spécificités d’une exposition solaire intense, et son impact sur l’efficacité des traitements.
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Le soleil : entre bienfaits et risques pour la peau
Le soleil est essentiel à notre équilibre : il permet la synthèse de la vitamine D, bénéfique pour les os, l’immunité, et le moral. Mais ses effets sur la peau ne sont pas toujours anodins, notamment à cause des rayons ultraviolets (UV).
Invisible et indolore, l’exposition aux UV se produit souvent à notre insu : en marchant, en conduisant, en prenant un café en terrasse… Et ce, même en hiver, même sous les nuages ou derrière une vitre.
Les UVA, à longue longueur d’onde, pénètrent profondément dans la peau ; ils sont responsables du vieillissement cutané, des taches et rides.
Les UVB, plus agressifs en surface, causent les coups de soleil et peuvent altérer l’ADN des cellules, avec un risque accru de cancer cutané.
Selon la Fédération Internationale de Dermatologie, 80% des dommages causés par les UV seraient accidentels. Une courte exposition (5 à 15 minutes par jour, sur le visage ou les bras) peut être bénéfique mais au-delà, sans protection, elle devient un facteur de risque majeur.
Zones tropicales : une opportunité sous haute surveillance
À La Réunion, l’indice UV est élevé quasiment toute l’année, souvent bien au-delà des niveaux atteints en métropole (où il varie de 0 à 3 en hiver, et jusqu’à 7-9 en été). Une telle intensité rend les zones dépigmentées visibles plus rapidement, même chez les phototypes clairs. Cela peut faciliter le diagnostic… mais aussi augmenter les risques.
Même les peaux foncées peuvent subir des coups de soleil en milieu tropical. Il est donc crucial de trouver le bon équilibre d’exposition.

Le soleil peut être un allié thérapeutique, à condition qu’il soit bien utilisé. Il joue un rôle dans la photothérapie, souvent associée aux traitements du vitiligo. Que ce soit en cabine UV ou à travers une exposition naturelle contrôlée, l’objectif est d’obtenir une légère rougeur sans brûlure, pour stimuler la repigmentation.
Au CHU Site Sud Saint-Pierre, plusieurs protocoles thérapeutiques combinent traitements médicamenteux et exposition solaire, avec des résultats encourageants :
- Un protocole associant Tacrolimus, corticoïdes le week-end et exposition au soleil a permis de réduire de 40% la surface du vitiligo, et les résultats sont encore meilleurs dans les 24 mois suivant l’apparition de la maladie ;
- Une autre combinaison, mêlant la molécule « Baricitinib » et exposition solaire, a entraîné une réduction de 25 à 30% de la surface atteinte.
Ces résultats (dont les détails ont été donnés dans la vidéo ci-contre lors de la conférence tenue lors des Rencontres Annuelles du Vitiligo 2025) montrent que vivre dans une zone à fort ensoleillement, avec un accompagnement médical adapté, peut améliorer significativement l’efficacité des traitements du vitiligo.
Le soleil peut donc devenir un outil précieux dans la prise en charge du vitiligo. À condition, toujours, d’être bien informé, bien accompagné, et de ne jamais négliger les risques liés aux UV.