Témoignage : « Quand la peau change… les regards changent aussi »
Nous avons récemment reçu un témoignage touchant par email, empreint de résilience et de positivité, de la part d’un étudiant en Histoire en Tunisie. Avec l’accord de son auteur, nous souhaitons le partager avec vous.
© Copyright : Association Française du Vitiligo
Le poids du regard, au quotidien
Ahmed a découvert les premières taches de vitiligo en 2015, sur les mains et le dos. Très vite, il se confronte à un flot de fausses croyances : “On me disait que c’était à cause des fritures que je consommais trop, ou encore qu’un lézard aurait marché sur ma peau pendant mon sommeil.” Un reflet des idées reçues encore trop présentes, loin de toute base scientifique.
Mais plus que les mots, ce sont les regards qui marquent, même celui des enfants parfois, innocent mais dérangeant malgré tout. “Le vitiligo n’est pas qu’un simple changement de pigmentation. C’est aussi un rapport quotidien avec le regard de l’autre.” Dans la rue, au marché, ou face à un inconnu, Ahmed fait souvent face à l’incompréhension, la gêne, parfois même la peur… “Un jour, un vendeur de légumes a refusé de prendre l’argent directement de ma main.” Depuis, il a adapté ses gestes : “Je ne tends plus la main en premier. Pas par peur, mais pour éviter la gêne de voir l’autre reculer.”
Le vitiligo peut aussi devenir un frein professionnel. Dans des métiers de contact, certaines réactions peuvent pousser à l’autocensure. “Cela nous pousse parfois à revoir nos rêves à la baisse, juste pour éviter le rejet.”
Se construire malgré tout, et grâce à ça
Heureusement, Ahmed a trouvé un espace de bienveillance au lycée et à l’université, des lieux où il peut s’épanouir pleinement : “Les gens me considèrent pour mes idées, pas pour mon apparence.” Il y trouve du respect et du soutien de la part de ses camarades et professeurs qu’il “remercie du fond du cœur.” “L’an dernier, j’ai terminé premier de ma promotion. Je pense que cela vient en partie de ma volonté de prouver que j’étais capable, comme tout le monde.” Bravo à lui, on lui souhaite le meilleur !

Aujourd’hui, Ahmed voit son vitiligo comme une part de lui-même, de son identité : “Je n’en souhaite plus la disparition. Il m’a apporté une force intérieure.” Il ne demande pas la pitié, mais simplement “un regard humain, sincère.”
Et à ceux qui vivent les premiers instants de la maladie, il adresse un message puissant :
“Ce n’est pas une fin. C’est un nouveau départ. Le vitiligo peut révéler des forces en vous que vous ne soupçonniez même pas. Vous étudierez, vous travaillerez, vous aimerez. Rien ne vous arrêtera.
Votre personnalité ne se résume pas à votre peau. Vous êtes une belle personne. Levez-vous, construisez votre monde, et surtout, ne vous isolez pas. Faites en sorte que vos réussites parlent pour vous.”